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Histoires de Bretagne

Un blog d'Erwan Chartier-Le Floch

Saint Emilion, un sacré breton

Publié le 21 Mars 2009 par Erwan Chartier-Le Floch in Histoire de Bretagne

Qui sait qu’un des plus grands vins du monde et un pittoresque village du Bordelais portent le nom d’un saint breton ? Saint Emilion, originaire de Bretagne fonda au VIIIe siècle un ermitage dans la forêt de Cumbis, dans une région où on cultivait déjà la vigne et dont les crus allaient devenir célèbres, du Moyen Age à nos jours.



Les origines et la vie d’Emilion, saint breton du haut Moyen Age sont entourés du légendaire fréquent chez bien des saints celtiques de l’époque. Il est né au VIIIe siècle, une période troublée pour la Bretagne : elle est fragmentée en de multiples principautés et les Francs, à l’est, accentuent leur contrôle de la péninsule, notamment autour de Vannes et de son pays. Le lieu et la naissance d’Emilion restent obscurs. Selon certains, il serait originaire de Vannes. Mais peut-être naquit-il dans les environs de Loguivy-Plougras, petit bourg à la lisière des monts d’Arrée qui appartenait alors au vaste royaume de Domnomée englobant le nord de la péninsule. L’église paroissiale du village lui est consacrée. La rivière qui le traverse porte aussi son nom.

 


Le miracle du pain

Emilion aurait été, tout jeune, engagé auprès du comte de Vannes comme boulanger. Mais, déjà, il entendait apporter son aide aux pauvres et distribuait, en cachette, une partie de sa production. L’apprenant un jour, le comte, très en colère, l’aborde et lui somme de lui présenter ce qu’il portait en sortant de son château ; Emilion commis alors un pieu mensonge en expliquant qu’il s’agissait de bois destiné à chauffer les pauvres. Puis, ouvrant sa tunique, il montra, en effet, du bois, en lequel s’étaient semble-t-il miraculeusement transformés ses pains. Une fois son seigneur rassuré, et sorti dans la ville, les pains retrouvèrent tout aussi miraculeusement leur apparence. Un tel miracle ne pouvait passer inaperçu dans la cité bretonne et la notoriété d’Emilion fut telle qu’il choisit de s’exiler. Sans doute avait-il peur des représailles éventuelles qu’aurait pu exercer le comte.

Emilion quitta donc la Bretagne en direction de l’Espagne. Il s’arrêta en chemin à Saujon, en Saintonge. Il y exerça à nouveau son métier de boulanger. Jaloux de sa piété, les autres moines cachèrent ses instruments de boulangerie au moment de la fournée. Il en fallait plus pour perturber Emilion. Sans se déconcerter, il entra dans le four, disposa puis retira les pains sans être brûlé.

 



Un ermitage troglodyte

Après ce miracle du four, Emilion poursuivit sa route plus au sud. Il décida de se fixer dans la forêt sauvage de Cumbis, au nord-est de Bordeaux. L’endroit n’était pas si désert. A proximité, un grand poète de langue latine, Ausone, avait érigé sa villa au IVe siècle. Il s’installa dans une falaise où il creusa un ermitage troglodyte. Il aurait en effet préféré creuser lui-même un refuge dans la grotte pour se protéger des incursions des Sarrazins qui commençaient à attaquer le sud de la Gaule. En 781, une quinzaine d’années après sa mort, il ravagèrent d’ailleurs tout le pays alentours. On attribue en tout cas à saint Emilion un nouveau miracle dès son arrivée : ayant besoin d’eau fraiche, il fit remonter une rivière et la fit jaillir en source près de la grotte.

La présence d’un tel saint homme et les miracles accomplis ne tardèrent pas à attirer une foule de disciples. Lorsque, en 767, Emilion mourut, nombre d’entre eux s’étaient installés à proximité de son ermitage, leurs habitations formant les prémices de l’agglomération qui prit le nom du saint. Ils creusèrent la roche pour créer la curieuse église monolithe qui domine aujourd’hui la place centrale du village.



 

Une région viticole

L’histoire ne le dit pas, mais saint Emilion était sans doute loin de penser qu’il allait donner son nom à un des vins les réputés de la planète. Quelques siècles plutôt, les Romains avaient introduit la vigne dans la région. Ausone, qui avait sa villa dans la région, écrivait ainsi à la fin de l’Antiquité : « La gloire de Bordeaux n’est pas moins grande à Rome que celle de notre vin. » Dès le Moyen Age, les vins de Saint-Emilion avaient grande réputation. Celle-ci ne cessa de croître au point d’avoir mondialement rendu célèbre le patronyme de ce saint breton.

 

Pour en savoir plus :

BERTIN-ROULLEAU, Saint-Emilion, son histoire, ses monuments, ses grands vins, ses mousseux, ses macarons, ses champignons, Le Livre d’histoire, Paris, 1931 réédition de 2002.

 

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K
La légende de Saint Emilian et l'histoire de la cité sont longuement explicitées dans ce nouveau site : http://saint-emilion.pro qui prolonge le billet pour ceux qui veulent en savoir plus encore...
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P
Amateur de Vins, je ne connaissais pas cette histoire très intéressante. Merci pour cette info.<br /> Bonne journée.
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S
Et Bé... Si c'était à nous?<br /> S.
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