Une grande exploitation agricole de l’époque romaine vient d’être mise au jour à Bais, une commune d’Ille-et-Vilaine, située entre Vitré et Janzé. Les archéologues ont pu étudier l’intégralité des bâtiments résidentiels et agricoles de ce domaine.
À l’occasion de la construction d’un lotissement à Bais, une commune au sud-est de Rennes, les archéologues de l’Inrap ont mis au jour un vaste établissement rural. Dans les années 1980, à quelques centaines de mètres à l’est, une nécropole gallo-romaine avait déjà été fouillée, ce qui laisse à penser que Bais a pu abriter une petite agglomération aux premiers siècles de notre ère. Lors de la fouille de 2009, des indices d’occupation du site dès l’âge du Fer sont apparus. Au Ier siècle de notre ère, des petits bâtiments ont été construits, ainsi qu’un fanum, occupant une surface de 8 m2 environ. C’est probablement au siècle suivant que le domaine s’est développé vraiment, avec la construction de plusieurs bâtiments, séparés entre zone résidentielle et domaine agricole.
L’habitation du maître mesure ainsi vingt-six mètres de long sur treize de large. Il s’agit d’un vaste bâtiment, comprenant deux tours aux extrémités, reliées par une imposante galerie. À l’ouest, l’une des pièces est probablement dédiée aux affaires et à la réception de la clientèle du propriétaire. À côté, dans la cour, s’élève un laraire circulaire, un petit édicule qui abritait sans doute une divinité censée veiller sur les transactions. “Les laraires étaient très répandus dans le monde romain, note Dominique Pouille, chargé de l’opération. Mais il est rare de retrouver leur trace lors d’une fouille.”
À l’ouest de ce vaste bâtiment, les archéologues ont mis au jour les fondations d’une habitation plus légère, construite en bois et en terre. Il s’agit peut-être de la maison du régisseur, qui faisait fonctionner le domaine en l’absence des maîtres. Les archéologues ont également découvert un certain nombre de céramiques possédant une texture similaire à celles découvertes en 1987, sur le site de la nécropole. Sans doute existait-il d’un atelier de potiers à Bais.
Deux petits temples
L’originalité du site de Bais réside dans la présence de deux petits temples, appelés des fana. De forme quadrangulaire, ils abritaient une chapelle votive, la cella, où se trouvait la statue de la divinité. La cella était entourée d’une galerie à colonnade destinée aux déambulations religieuses. Outre le premier temple, antérieur au grand domaine, un second temple de 6 m2 a été édifié dans la cour centrale du domaine. Il faisait donc face à l’habitation des propriétaires.
Dans la partie agricole du domaine, les archéologues ont trouvé les fondations profondes de deux imposantes granges. Construites en bois, elles occupaient une surface de 120 à 180 m2. Il a pu en exister d’autres en dehors de l’emprise de la fouille. Ils ont également dégagé un énorme four à chaux, de quatre mètres de diamètre, qui a servi pour le domaine, ainsi que vraisemblablement, pour des constructions dans les environs.
Le matériel mis au jour atteste de l’occupation de ce domaine jusqu’au ive siècle, peut-être même jusqu’au siècle suivant. En 1987, au sud du site, un important cimetière du haut Moyen Âge, comprenant plus d’une centaine de sépultures, avait été en partie fouillé. Il est donc possible qu’il y ait eu une continuité de peuplement entre l’Antiquité tardive et le Moyen Âge à Bais.