Lors d’une opération de fouille préventive, les archéologues ont mis au jour une exploitation agricole de l’âge du Fer à Trémeur, dans l’est des Côtes-d’Armor, ainsi que les vestiges d’une autre exploitation qui lui a succédé à l’époque romaine. Concernant l’Armorique antique, il s’agit de l’un des premiers exemples de continuité d’occupation d’un site à cette époque.
Dans le cadre d’un projet de lotissement dans la petite commune rurale de Trémeur, dans le pays de Dinan, les archéologues ont fouillé une vaste zone de plus d’un hectare occupée durant l’époque gauloise puis romaine. Le site avait été repéré par prospection aérienne dans les années 1990 et la fouille a été menée durant l’hiver 2011. Les archéologues ont mis au jour un maillage de fossés et de bâtiments datant des époques romaines et gauloises. “Ce site a été occupé du iie siècle avant notre ère jusqu’au iiie siècle après J.C., explique Jérôme Le Gall, chargé de l’opération. Il a donc été habité pendant près de cinq siècles. Il est surtout rare pour l’Armorique d’avoir un site gaulois qui continue d’être en fonction après la conquête romaine.”
La première phase d’occupation du site commence dans le courant du iie siècle avant notre ère, comme l’indiquent les céramiques trouvées. Il s’agit d’une exploitation agricole construite en bois, en terre et en chaume. Les archéologues ont également découvert des traces de bâtiments de stockage. La ferme était située dans un terrain de forme carrée avec des côtés d’une quarantaine de mètres. Il était bordé d’un fossé et probablement d’un talus. L’entrée de cet enclos se faisait par un porche de dimension importante, soutenu par deux imposants poteaux de bois. Cette ferme gauloise ne diffère guère des autres exploitations mises au jour pour cette période et témoigne de l’importance du peuplement à cette époque. Les archéologues ne disposant que peu d’éléments sur le statut social de ses occupants. Ils ont néanmoins retrouvé un morceau de bracelet en lignite noir. “C’est un matériau noble et un objet très travaillé, note Jérôme Le Gall. Il existait deux zones d’approvisionnement, en Allemagne ou dans les îles Britanniques. Sa découverte illustre ici la vivacité des échanges en Europe à l’époque.” Le site était par ailleurs situé à proximité d’un axe ancien, a priori antérieur à l’époque gauloise.
Un puits romain
Quelques décennies après la conquête romaine qui correspond, en Gaule, à une restructuration complète de l’occupation des territoires, une nouvelle ferme est construite sur le site. Quelques éléments de l’établissement gaulois ont sans doute été récupérés, comme les poteaux du porche d’entrée. Des enclos plus vastes sont aménagés, dont l’un comprend un double fossé et devait correspondre à un espace pour parquer le bétail. Une belle bâtisse de seize mètres de long est édifiée en bois. Elle devait comporter un étage et était couverte de tuiles. À proximité, les archéologues ont défriché une fosse rectangulaire qui devait faire office de cave, ainsi que des petits greniers, permettant de stocker deux ou trois mètres cubes de grains. Ils ont également mis au jour des espaces de travail avec notamment de petits fours. Enfin, le vestige le mieux conservé était un puits avec une belle margelle de pierre. Cette dernière a été démontée et sera mise en valeur dans le futur lotissement de Trémeur qui sera édifié sur le site.