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Histoires de Bretagne

Un blog d'Erwan Chartier-Le Floch

Les Bretons au Canada

Publié le 24 Mai 2014 par ECLF in Histoire de Bretagne

Les Bretons au Canada

La Bretagne a de tout temps été une terre d’émigration et la situation économique comme les rêves d’aventure ont souvent poussé les Bretons à explorer de nouvelles terres ou s’exiler. C’est le cas en Amérique du Nord et particulièrement du Canada, où la présence bretonne est très ancienne.

Né en 1491, Jacques Cartier est honoré à Saint-Malo comme au Québec pour avoir été l’un des premiers européens à reconnaître l’est du Canada. Il s’engage très tôt dans la marine où ses qualités sont reconnues. Il est présenté le 8 mai 1532 au roi de France pour lui exposer son projet de découverte de « Terres neufves » et de passage vers la Chine dans le nord de l’Amérique. Il reçoit des fonds et quitte Saint-Malo, le 21 avril 1534. Le 10 mai, il est à Terre-Neuve, et reconnaît ensuite le golfe du Saint-Laurent et la Gaspésie. Il quitte l’Amérique en septembre et revient à Saint-Malo avec deux fils de chefs indiens. En 1535, avec trois vaisseaux, la Grande Hermine, la Petite Hermine et l’Emerillon, il reconnaît les côtes du Labrador puis s’engage dans le Saint-Laurent qu’il remonte jusqu’à un grand village indien, sur l’emplacement du futur Québec. Il fait édifier le fort de Sainte-Croix puis s’enfonce encore plus dans les terres. Le 2 octobre, il prend possession d’un nouveau lieu, Montréal. Cartier prend officiellement possession de ces fameuses « Terres neufves » et d’un pays que les indigènes nomment « Canada », « le lieu où l’on habite ». Le 10 juillet, il fait un retour triomphal à Saint-Malo, accompagné d’une dizaine d’Indiens. Désormais, Jacques Cartier est un homme célèbre. Le problème du Canada, c’est qu’il ne semble guère receler de richesses minières. Très surveillés par les Espagnols qui veulent garder le monopole des colonies en Amérique, Jacques Cartier embarque pour une troisième expédition, en 1541 et revient avec de nombreuses pierres et minerais dont il est certain qu’il s’agit d’or et de diamants. A son retour à Saint-Malo, il apprendra qu’il s’agit en fait de mica et de quartz… La déception est telle qu’il en est resté une expression dans le langage courant : « faux comme un diamant du Canada ». Jacques Cartier qui a dessiné les premières cartes de la région du Saint-Laurent, ne franchira plus l’Atlantique. Couvert d’honneurs et occupant plusieurs postes dans sa cité, il passe une retraite tranquille au manoir de Limoëlou, en Rothéneuf. Un édifice qu’on peut toujours visiter et qui propose plusieurs visites guidées dans la journée. Jacques Cartier décède le 1er septembre 1557 et est enterré dans la cathédrale de Saint-Malo

Si officiellement, c’est le Malouin Jacques Cartier qui a pris possession des « Terres neuves » du Canada au nom du roi de France en 1535, la présence bretonne sur le continent est plus ancienne et remonte sans doute à la fin du XVe siècle, ainsi que l’a montré l’historien Alain Boulaire. Au début du XVIe siècle, il existait déjà une petite ville de Brest, fréquentée par les marins et les pêcheurs bretons qui allaient assidûment fréquenter les bancs de morue de Terre-Neuve pendant plusieurs siècles.

La colonie française de Québec peine cependant, à ses débuts, à se développer. Envahie par les Anglais, en 1629, il faut l’obstination de certains colons, et particulièrement de Guillaume Couillard, originaire de Saint-Servan, pour qu’elle ne disparaisse pas. Pour sa persévérance, il sera anobli par le roi après la reprise de Québec. Aux XVIe et XVIIe siècles, les Bretons constituent aux alentours de 10 % des colons qui font souche en Nouvelle-France. Parmi eux, on peut relever la présence d’un petit hobereau originaire de Huelgoat, François Le Bihan de Kervoac traverse l’Atlantique. Il est l’ancêtre du fameux écrivain de la Beat génération, Jack Kerouac.

Un curé breton pour l’Acadie

Le Québec n’est pas la seule terre canadienne où s’installent des Bretons. Né en 1709, à Morlaix, Jean-Louis Le Loutre a profondément marqué l’histoire de cette terre francophone d’Amérique. En 1738, il est envoyé en Acadie, une colonie francophone contrôlée par les Anglais depuis quelques décennies, dans une partie de l’actuel Etat canadien du New Brunswick. Les tensions sont fortes avec les protestants d’origine britannique. Dans les années 1740, agglomérant les milices acadiennes aux Indiens Micmac, l’abbé Le Loutre mène une véritable guerre de guérilla et devient la bête noire des Anglais dans la région. Il échouera, mais son souvenir est demeuré vivace chez les Acadiens dont une partie sera déportée par les Britanniques.

En 1760, Paris perd définitivement le Canada. La présence francophone se maintient, mais les rapports de force démographiques changent aux XIXe siècle, du fait de l’arrivée régulière de migrants anglophones. Les migrants francophones sont moins nombreux, la plupart deux temps captés par une empire colonial français alors en pleine expansion. Néanmoins, de nombreux Bretons cotinnuent d’aller chercher fortune outre-Atlantique.

Saint-Brieux du Canada

En 1903-1904, l’abbé Le Floch prêche dans les Côtes d’Armor, en breton comme en français, pour recruter des volontaires pour le Canada. Il parvient à convaincre trois cents familles qui embarquent à Saint-Malo. Les émigrés se divisent en plusieurs groupes. Seuls 77 suivent l’abbé Le Floch vers l’est, la Saskatchewan, une terre encore très sauvage où on leur donne des terres. Ils défrichent la forêt, construisent des maisons et des fermes. La colonie se développe et attire de nouvelles familles bretonnes.

Rapidement, une école et une poste vont être construites, or, pour cette dernière, il faut trouver un nom au lieu. Comme nombre des colons sont originaires des Côtes-du-Nord, ils choisissent le nom de la préfecture du département. Mais l’émotion de l’abbé Le Floch ou une erreur de retranscription par l’administration canadienne, vont transformer le « c » final en « x ». Saint-Brieux du Canada existe toujours, comme un « Gourin city » dans l’Alberta.

Maria Chapdelaine

Impossible d’évoquer la présence bretonne au Canada sans évoquer l’un des écrivains les plus populaires au Québec : Louis Hémon. Né à Brest en 1880 et mort prématurément à 32 ans, il ne voit pas le succès phénoménal de son principal roman, Maria Chapdelaine, paru en feuilleton dès 1912 et en livre, chez Grasset, en 1921. Si Louis Hémon n’a vécu que deux ans au Canada, il a su admirablement décrire la vie des humbles paysans défricheurs de l’immense forêt américaine. Pour les Canadiens francophones, ce récit devient le symbole de leurs modes de vie et de leur résistance aux anglophones.

En raison de leur riches traditions maritimes et historiques, les relations entre la Bretagne et les régions orientales du Canada n’ont jamais cessé. En 1985, l’anniversaire du voyage de Jacques Cartier a permis de redévelopper les liens entre Saint-Malo et le Québec. Quant au Festival interceltique de Lorient et Jean-Pierre Pichard, dans les années 1990, ils ont beaucoup fait pour la redécouverte de la culture et de la musique acadienne.

Pour en savoir plus :

Marcel Le Moal, l’Emigration bretonne, Coop Breizh, 2012.

Alain Boulaire, Louis Hémon ou la vie voilée de l’auteur de Maria Chapdelaine, Editions du Télégramme, 2013.

Marcel Fournier, Les Bretons en Amérique française, Les Portes du large, 2005.

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G
Hello. Je partage votre lien sur l histoire des Bretons sans vous en avoir demandé l accord. Aussi je le fais ici aujourd hui. Bon WE.
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F
re FLORA de ST.MALO/DINARD.
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F
Vous oubliez de parler de Samuel de CHAMPLAIN , Vendéen certes .....
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