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Histoires de Bretagne

Un blog d'Erwan Chartier-Le Floch

1487. Michel Marion, corsaire breton au secours de Nantes

Publié le 4 Janvier 2017 par ECLF in Histoire de Bretagne

1487. Michel Marion, corsaire breton au secours de Nantes

1487. Le Quimpérois Michel Marion au secours du duc de Bretagne

Lors de la folle guerre entre le duché de Bretagne et le royaume de France, le Quimpérois Michel Marion s’est distingué en armant un navire de guerre pour venir secourir Nantes assiégée. Ce geste lui a attiré le courroux de quelques seigneurs acquis au roi de France, mais également la reconnaissance d’Anne de Bretagne.

En ces années 1486-1487, les menaces s’accumulent sur le duché de Bretagne. Sous le gouvernement de François II, ce dernier n’a cessé de renforcer son indépendance vis-à-vis du royaume de France. Il s’est doté d’administrations modernes pour leur temps. Il possède sa propre armée et une diplomatie.

Mais cette dernière est contingentée par les grands équilibres européens. Or, à cette époque, le royaume de France monte en puissance. Il est sorti vainqueur de la guerre de Cent Ans et l’Angleterre se remet à peine de la guerre civile des Deux Roses, opposant Lancastre et Tudor. A l’est, la France a aussi éliminé la menace bourguignonne, cette puissante principauté qui s’étendait des Flandres au Rhône. Le nouveau roi Charles VIII a désormais des vues sur le duché de Bretagne.

 

Prétentions du roi de France

Le conflit va partir d’une querelle successorale. A l’issue de la guerre de Sucession de Bretagne, plus d’un siècle auparavant, les Penthièvre avait renoncé au duché, mais pouvaient toujours y prétendre si les Montfort n’avaient pas d’héritiers. Or, le duc François II n’a que deux filles et aucun héritier mâle. En 1480, Louis XI avait racheté leurs droits aux Penthièvre. Les juristes bretons arguent que le duché est une terre de franc-alleu, sa souveraineté ne vient que de Dieu. Ce que contestent les juristes du roi de France qui affirment que la Bretagne a juré hommage à la France.

Charles VIII se pose donc en prétendant au duché en cas de décès de François II. L’argent français coule à flot pour acheter de grands aristocrates. Cinq grands seigneurs bretons reconnaissent la légitimité de Charles VIII. L’affrontement militaire est inévitable.

 

La folle guerre de Bretagne

En mai 1487, l’armée française pénètre en Bretagne avec plus de 15000 hommes. A Malestroit, le duc de Bretagne rassemble près de 16000 hommes, avec 600 lances et de nombreux paysans armés. Mais l’avancée française est fulgurante. Plusieurs forteresses des Marches tombent, dont Ancenis, Châteaubriant, La Guerche et Redon. François II s’enfuit vers Vannes puis rejoint Nantes.

Nantes était donc assiégée le 19 juin. Quelque temps plus tard, les troupes françaises ont la surprise de voir arriver devant la prairie de la Magdeleine, un navire fortement armé et manœuvré par une centaine de Cornouaillais. En passant devant le camp des assiégeants, il tire une bordée de ses canons, avant d’aller accoster au port de Nantes.

Le navire avait été armé par un marchand de Quimper, Michel Marion. Malgré les menaces de certains aristocrates qui penchaient pour le parti français, notamment les Rohan, les Rostrenen, les du Quélennec, il a décidé de se battre pour sa patrie. Michel Marion a armé à ses frais un navire et recruté 120 compagnons. « A ce faire avait employé tout son bien, vendu et aliéné grande partie de ses héritages », dit la chronique.

 

Violents combats

Les Cornouaillais vont rapidement s’employer et participer à la majeure partie des combats livrés autour de la ville. Quand on se bat sur l’île de Biesse, la bateau de Marion vient attaquer et bombarder le camp des Français, les forçant à rapatrier des troupes. Les pertes sont importantes, le navire sévèrement touché. La moitié des hommes de Marion perdront leur vie dans l’aventure.

Devant la résistance acharnée des Bretons, les Français en difficulté, lèvent le siège de Nantes le 6 août 1487. En se retirant, ils prennent les forteresses de Vitré et Saint-Aubin-du-Cormier. Mais, lors d’une contre-attaque durant l’automne, les Bretons ont repris la grande majorité des places fortes au début de 1488. Ils seront cependant vaincus lors de la bataille de Saint-Aubin, en juillet.

Au cours d’un accrochage lors du siège de Nantes, Michel Marion a été blessé grièvement. Il meurt peu de temps après, laissant sa fille criblée de dettes, mais après avoir exprimé sa satisfaction du devoir accompli. Par lettre du 8 décembre, 1490, la duchesse Anne de Bretagne, annule la totalité de sa dette, soit 3000 livres, estimant qu’il n’avait pu exercer ses fonctions de fermier général chargé du recouvrement des taxes dans le port de Quimper. Michel Marion semble représentatif de cette bourgeoisie urbaine et de cette petite noblesse qui avait, au XVe siècle, adhéré au projet indépendantiste des ducs de la maison de Montfort puis reste attachés aux libertés et franchises de la Bretagne sous l’Ancien Régime.

 

Pour en savoir plus :

Kerhervé, Jean, L'État breton aux XIVe et XVe siècles. Les ducs, l'argent et les hommes, 2 vol. , Maloine, 1987.

De la Borderie, Trévédy, Un patriote breton au XVe siècle, le quimpérois Michel Marion, Quimper, 1887.

 

 

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R
Merci pour vos merveilleux articles sur cette Bretagne que j'ai du quittee il y a trente ans. On nous a que trop longtemps cache notre histoire. Ken ar wechall
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