Joseph Loth, pionnier des études celtiques
Né à Guéméné-sur-Scorff, Joseph Loth a marqué les études linguistiques et celtiques en France. Académicien, il est le créateur de la chaire de celtique à Rennes et l’un des premiers à s’être penché sur les origines des Bretons.
Lors de son éloge funèbre, Paul Mazon écrivait de Loth : « Physiquement et moralement, il était breton et se sentait breton ». L’universitaire et académicien reconnu n’avait en effet jamais coupé les liens avec sa Bretagne natale, où il était né, un 27 décembre 1847, à Guéméné-sur-Scorff. Après de bonnes études, il devient professeur, à Pontivy où le lycée porte son nom, puis à Quimper et à Saumur. Il passe enuite l’agrégation de grec. En 1870, pendant la guerre, il s’engage comme volontaire dans l’armée de Chanzy.
Etudes celtiques
Joseph Loth est ensuite nommé à Paris où il fait la connaissance d’Henri d’Arbois de Jubainville, auprès duquel il se forme à la linguistique et qui l’incite à étudier les langues celtiques. Il en devient l’un des grands spécialistes européens. « Il est le plus grand découvreur de choses occidentales que l’Occident possède », écrit de lui Camille Julian. Joseph Loth se plonge dans les textes anciens et traduit en français les Mabinogion, le chef d’œuvre de la littérature médiévale galloise qui éclaire les récits arthuriens sous un jour nouveau.
Il devient aussi l’un des piliers de la Revue celtique et sera par la suite le fondateur d’Etudes celtiques qui reste aujourd’hui encore une référence dans ce domaine. Il se passionne également pour les origines de la Bretagne et l’arrivée des Bretons en Armorique au début du Moyen Âge. Il étudie enfin la toponymie bretonne où il revient souvent. « Sa science était une foi qu’il ravivait sans cesse par des voyages dans les pays celtiques », ajoute Paul Mazon.
Carrière universitaire
Savant très complet, Joseph Loth étudie également l’histoire, l’archéologie et la phonétique, un domaine alors expérimental. Il est l’un des premiers à appliquer des méthodes scientifiques et d’investigation aux recherches sur les Celtes anciens, un champ jusqu’alors propice à bien des études fantaisistes. On lui doit notamment les premières recherches sur le vieux breton et sur les rares textes dont nous disposons, datés du VIIe au Xe siècles.
Passionné par ses recherches, beaucoup moins par l’enseignement qu’il considérait comme une perte de temps, Joseph Loth poursuit cependant une carrière universitaire exceptionnelle. En 1883, l’université de Rennes crée pour lui une chaire de celtique dont l’actuelle section de breton et celtique est l’héritière. En 1910, il est nommé au collège de France puis, en 1919, il est élu à l’Académie des inscriptions et belles lettres. Couvert d’honneurs académiques, il s’éteint le 1er avril 1934. Ses funérailles à Guéméné-sur-Scorff rassemblent plusieurs centaines de personnes.