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Histoires de Bretagne

Un blog d'Erwan Chartier-Le Floch

A propos de la météo en Bretagne

Publié le 15 Avril 2017 par ECLF in Histoire de Bretagne

Une carte postale des années 1900, trouvée par Christian Le Corre pour illustrer Clichés Armoricains... On le voit certains clichés ne datent pas d'hier.

Une carte postale des années 1900, trouvée par Christian Le Corre pour illustrer Clichés Armoricains... On le voit certains clichés ne datent pas d'hier.

 

 

 

Contrairement à une idée reçue, en Bretagne, il ne pleut pas beaucoup, mais longtemps ! Le climat océanique de la péninsule constitue l’une des pierres angulaires de son identité et la tradition populaire ne manque pas de moyens de prédire la météorologie.

La Bretagne passe pour un pays « arrosé », ce qui n’est pas tout à fait faux, mais qui est également à l’origine d’une mauvaise réputation quelque peu usurpée. Ainsi, au cours de l’année, il pleut souvent moins à Brest qu’à Nice. Mais il est vrai qu’il pleut plus longtemps sous les cieux armoricains… Plutôt que de pluies diluviennes et ponctuelles, la péninsule est souvent la proie d’un crachin persistant. « Le temps est parti pour durer », commente-t-on en français de Bretagne. En espérant qu’il ne «reste » pas trop avec la marée ! Bref, la Bretagne assume son climat océanique, chanté par Théodore Botrel au début du xxe siècle : « Quelle est belle la Bretagne, sous son ciel gris… »

 

Cinquante nuances de gris

L’Atlantique, avec ses marées et ses vents, ne cesse de faire changer le temps, an Amzer. Si Vivaldi avait été breton, il aurait écrit les quatre saisons sur une journée ! D’ailleurs, en gallo comme en breton, il existe une multitude de mots pour décrire les nuances de pluie, ou les différentes couleurs des nuages.

Dans la société rurale traditionnelle, le chronomètre n’est pas le même. On vit avec le soleil et les saisons. Les animaux comme l’environnement sonore sont précieux dans une époque où les horloges comme les montres sont rares. La cloche du village est ainsi un repère précieux. L’attitude de la faune donne aussi des indications temporelles : quand le coq chante, c’est l’heure du réveil et quand il s’exprime la nuit, ce n’est pas bon signe.

Face à une météorologie souvent capricieuse, les capacités de prédictions des animaux sont donc précieuses. C’est bien connu, quand les hirondelles volent bas, quand les abeilles retournent à la ruche, quand les grenouilles et les crapauds s’expriment, c’est qu’il va faire humide… Certaines périodes sont aussi propices à la lecture du futur, particulièrement les jours entre Noël et l’Épiphanie. Les présages se multiplient alors, bien plus précis que le « Noël au balcon, Pâques au tison ». On nomme d’ailleurs la période sihun goh, la vieille semaine » dans le Vannetais, comme si ces jours du début de l’hiver étaient un peu à part, un peu magiques… Il existe alors une croyance générale dans le fait que le climat soit global et équilibré. Tout dérèglement entraîne des compensations : une période chaude en hiver, sera suivie par des jours froids au printemps…

Au moment de Pâques, qui était, jusqu’au xive siècle, l’un des deux jours de l’an acceptés, le temps est scruté avec angoisse. Si la pluie tombe pendant la semaine sainte, ce n’est pas bon signe… L’Annonciation, le 25 mars, marque le retour des hirondelles, des grenouilles et du printemps. Mais il faut encore se méfier des saints de glace : une petite gelée au début du mois de mai peut être fatale à bien des cultures.

 

Le temps des saints

Comme en bien des domaines, les saints bretons interviennent également sur la météo. Plusieurs d’entre eux sont spécialisés dans les coups de vent ! Saint Nicolas aide les marins en difficulté, saint Budoc peut changer la direction du vent. Sur l’île de Sein, on invoque particulièrement saint Corentin. On tourne la crosse de sa statue dans la direction du vent ou on lance en l’air les poussières recueillies dans sa chapelle pour souhaiter… bon vent aux marins de l’île.

N’en déplaise à certains grincheux, la Bretagne connaît aussi des périodes de sécheresse. On fait alors appel à certains saints populaires ou à la sainte Vierge. Les processions de saint Patern ou de saint Thuriau sont ainsi réputées pour faire tomber la pluie.

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