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Histoires de Bretagne

Un blog d'Erwan Chartier-Le Floch

1770. Edimbourg, l'Athènes du Nord

Publié le 9 Août 2017 par ECLF in Histoire des pays celtiques

1770. Edimbourg, l'Athènes du Nord

 

 

 

 

Dans la seconde moitié du xviiie siècle, l’Ecosse et sa capitale Edimbourg connaissent une vie intellectuelle trépidante. Le scottish enlightemment, les Lumières écossaises éclairent toute l’Europe avec David Hume, Thomas Reid ou Adam Smith.

Quelques années après l’Union avec l’Angleterre et la défaite de Culloden, à partir des années 1740, l’Ecosse connaît un renouveau intellectuel qui a frappé les contemporains, au point que ces Lumières écossaises, scottisch enlightemment, ont valu à Edimbourg le surnom d’« d’Athènes du Nord ». Cette concentration de talents – l’écrivain Tobias Smolett décrivant l’Ecosse de l’époque comme « la terre chaude des génies » – est d’autant plus remarquable que le pays était plutôt considéré comme une contrée barbare, particulièrement par les Anglais.

Pourtant, les règnes brillants des Stuart aux xve et xvie siècles, particulièrement celui de Jacques IV, avait déjà favorisé les arts et les sciences. Plusieurs penseurs écossais s’étaient également distingués au xviie siècle dans le domaine juridique ou dans les mathématiques. Cette éclosion intellectuelle, peut-être mâtinée de rivalité avec Londres, s’explique par plusieurs raisons, au premier rang desquelles se place sans doute l’excellence du système éducatif mis en place par l’église presbytérienne et la qualité des grandes universités écossaises. Elle a été alimentée par des penseurs de stature internationale qui en ont assuré le rayonnement.

 

David Hume, fondateur de l’empirisme moderne

Dès 1725, l’un des premiers penseurs écossais à se distinguer est Francis Hutcheson qui publie Recherches sur l’origine des idées que nous avons de la beauté et de la vertu. Ce pasteur prebytérien modéré, professeur de philosophie à l’université de Glasgow – Adam Smith a été son élève – s’affranchit de la théologie et introduit le concept de « sens moral » dans la métaphysique, ce qui lui vaut les foudres du presbytère de Glasgow. Ce dernier tente de le poursuivre pour hérésie.

David Hume attire également les foudres de l’église avec ses différents ouvrages, dont le Traité de la nature humaine, paru en 1739. Il est considéré comme le fondateur de l’empirisme moderne et développe un scepticisme expérimental assez radical qui lui vaut de perdre sa place à l’université d’Edimbourg. Il s’exile en Angleterre, puis en France, où il est reçu avec enthousiasme dans les salons parisiens, notamment par Diderot. Il se lie d’amitié avec Rousseau avant de rompre spectaculairement. Il rentre en Ecosse en 1769, célèbre et auréolé d’une dimension de penseur européen. Fondateur de l’école écossaise du sens commun, plus modéré, Thomas Reid répond à Hume en affirmant que Dieu et l’Univers sont des réalités différentes, qui échappent aux démonstrations philosophiques. Recherche sur l'entendement humain d'après les principes du sens commun est son ouvrage demeuré le plus célèbre.

 

La richesse des nations

Dans la seconde moitié du xviiie siècle, les sociétés savantes, les clubs – comme le Poker club ou le Cap club – favorisent une vie intellectuelle stimulée par de nombreuses controverses et débats. D’autres penseurs se distinguent, comme Adam Fergusson qui, avec son Essai sur l’histoire de la société (1767), jette les bases de la sociologie et aurait influencé les futurs rédacteurs de la constitution américaine. En 1776, un professeur de Glasgow, Adam Smith, publie un essai qui a un énorme retentissement : La Richesse des nations. Il pose les bases de l’économie politique et du libéralisme. Il plaide pour l’ouverture des marchés et la suppression des barrières douanières, critiquant le colbertisme français mais aussi les systèmes coloniaux. Il est considéré comme l’un des pères de la prospérité économique britannique au xixe siècle.

 

Edition et scientifiques

Les autres sciences humaines ne sont pas en reste, notamment avec John Ponkerton qui fonde une nouvelle école historique, basée sur la critique des sources et pour qui « l’histoire est une science qui, comme toutes les sciences, a ses lois propres ». Plusieurs écossais se distinguent également dans l’économie, le droit, la littérature. Edimbourg devient ainsi l’un des grands centres de l’édition britannique. C’est là qu’est éditée la première version de l’Encyclopédia britannicus entre 1767 et 1771.

Le tableau ne saurait être complet sans évoquer les grands inventeurs de l’époque, en premier desquels le très prolifique James Watt (1796-1819) qui met au point la machine à vapeur. A la même époque, James Humon fonde la géologie moderne et le médecin Joseph Black découvre le dioxyde de carbone. Un certain John MacAdam met au point une forme de revêtement routier révolutionnaire qui prend son nom : le macadam.

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