Plante sacrée des druides qui, paraît-il, le récoltaient avec une serpe d’or, le gui est une plante qui possède réellement des vertus médicinales utilisées depuis des siècles. En Bretagne comme ailleurs, il est lié à la nouvelle année et à l’amour.
Le gui est une plante parasite, transportée par le vent et les oiseaux. Elle s’implante sur les branches des grands arbres, sa tige transperçant alors l’écorce pour sucer la sève. Contrairement à la légende, le gui apprécie peu les chênes, dont l’écorce est épaisse, mais plutôt les bois plus tendres. Il possède de réelles qualités médicinales, les substances qui le composent pouvant être utilisées contre l’hpertension et les problèmes urinaires ou liés à la ménépause. C’est également un bon immunostimulant.
Symbole d’immortalité
Lorsqu’il se fixe sur une branche, le gui forme une sorte de boule, avec des feuilles oblongues et charnues et des fruits blancs et ronds qu’on récolte à la fin de l’été. Outre le fait de ne pas avoir de racines, le gui possède la particularité de rester vert toute l’année et de survivre sur les arbres morts. Il n’en fallait pas plus pour l’associer à la notion d’immortalité, ce qui en aurait fait une plante sacrée pour les druides.
On ne connaît ces derniers que par quelques textes d’auteurs grecs et latins, souvent sujets à caution, comme le témoignage qui assure qu’ils cueillaient cette plante avec des serpes d’or. Mais le mythe à perduré, connaissant un incroyable succès grâce aux aventures d’Astérix… D’autres légendes affirment que les guerriers gaulois ne pouvaient se combattre sous une boule de gui, ou que les druides en le coupant lors du solstice d’hiver, prononçaient la formule « O Ghel an heu », « Que le blé germe ». Il est peu probable, aucun texte druidique ne nous étant parvenu, que cette formule est existé et ait donné en français l’expression « Au guy l’an neuf ».
La plante de l’amour
Cette dernière tradition est plus liée au gui comme symbole de fertilité, notamment dans les mythologies scandinaves et germaniques, où il est lié à Freya, la déesse de l’amour. Dans le nord de l’Europe, tout homme se doit d’embrasser une jeune fille passant sous une boule de gui sans s’en apercevoir. Dans nos contrées, si le baiser sous le gui est réservé au jour de l’an, il annonce aussi le mariage aux fiancés. Un certain Sergines, en 1897, rapporte qu’en Bretagne, le gui est considéré comme la plante de l’amour et que sa récolte constitue un évènement : « Celui qui le premier rapporte au village une touffe de gui est proclamé roi de la forêt. On le mène en triomphe jusqu'à son logis et il a le droit d'embrasser toutes les femmes et toutes les filles qui passent devant sa porte. Puis on s'attable, car toute réjouissance populaire ne va pas sans un festin; on fait cuire des châtaignes sous la cendre, on les arrose de cidre, on danse la dérobée. Et chacun se va coucher avec la conscience d'un grand devoir accompli. Les jeunes filles superstitieuses, qui languissent dans le célibat et craignent de coiffer sainte Catherine, enferment dans un sachet les cendres d'une branche de gui calcinée; elles comptent que ce talisman leur amènera des amoureux... Et il paraît, en effet, que ce talisman est infaillible... »
Plus poétique encore, au pays de Galles, les jeunes femmes glissent un brin de gui sous leur oreiller pour voir en rêve qui sera leur futur époux. Plante médicinale, le gui n’en reste pas moins une plante magique.
Plus dans :