Mélange de dévotion chrétienne, de rites pas toujours catholiques et de réjouissances très profanes, les pardons rythment la vie bretonne. Ils connaissent leur apogée au xixe siècle, mais on en compte toujours plusieurs centaines dans la péninsule.
Bien que certains, comme les troménies, semblent remonter à la plus haute Antiquité, les pardons bretons remontent pour la plupart à la fin du Moyen Âge. Leur nom renvoie à la notion de pénitence et aux indulgences que délivrait l’Eglise, parfois contre rétribution, aux fidèles afin qu’ils assurent leur Salut dans l’au-delà. Les pardons sont en effet une sorte de pélérinage qui se déroule à date fixe et dans un lieu déterminé. Il honore un saint spécifique et Dieu sait si ces derniers sont nombreux en Bretagne !
Mais dès le xvie siècle, le clergé tente de freiner le développement des pardons, dont certains présentent des côtés fort peu orthodoxes considérés comme des réminiscences de pratiques païennes… L’Eglise essaye aussi et jusqu’au xxe siècle de tempérer les débordements suflureux qu’ils entraînent, tant en matière de consomation d’alcool que de rencontres amoureuses hors mariages… Après un déclin au xviiie siècle, particulièrement pendant la Révolution, les pardons connaissent une spectaculaire renaissance au xixe siècle. Les plus importants d’entre eux attirent alors des milliers de fidèles en costumes traditionnels, pour le plus grand bonheur des écrivains (Anatole Le Braz les décrits dans Au pays des pardons) que des peintres et photographes qui commencent à fréquenter assiduement la péninsule en quête de pittoresque.
Centaines de pardons
Les deux grands pardons en Bretagne sont celui de Saint-Anne-d’Auray et celui de saint Yves à Tréguier. Mais à côté, il en existe des centaines, parfois autour de l’église paroissiale, parfois autour d’une chapelle, d’un oratoire, d’une fontaine. Certains se déroulent tout ou partie en mer. Ils débutent généralement par une messe suivie d’une procession. Pour l’occasion, on sort les banières, dont le lever est une occasion pour les jeunes gens de prouver leur force. On promène également les reliques du saint qui est invoqué pour expier ses pêchés, soigner les hommes ou les bêtes ou s’attirer la bonne fortune. Nombre de saints bretons ont en effet des compétences médicinales. On peut également faire bénir les chevaux, comme à Goudelin, ou le beure, comme à Spézet.
Les grands pardons peuvent durer plusieurs jours et sont l’occasion d’organiser des foires, des courses de chevaux ou des fêtes foraines. L’aspect laïc devient d’ailleurs de plus en plus important au xxe siècle, au point qu’ils sont à l’origine des grands festivals bretons contemporains. Dans la société rurale traditionnelle, les pardons sont donc une occasion de fête. Les sonneurs sont volontiers sollicités et les danseurs donnent libre court à leur talent après les cérémonies religieuses au cours desquelles ont été chantés les plus beaux cantiques. Mais pas toujours, comme le pardon mut à la chapelle de Ti Mamm Doué, à Quimper, qui consiste à tourner silencieusement autour de l’édifice.
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