Il existait autrefois de curieux pardons des oiseaux en Bretagne, particulièrement à Toulfoën, en Clohars-Carnoët. On y échangeait des volatiles et surtout on y ripaillait gaiement lors du week-end de Pentecôte.
Il existait autrefois plusieurs pardons des oiseaux en Bretagne, particulièrement celui de Sant Yann al laboused à Saint-Vougay, celui de la saint Barnabé à Plourhan (le 11 juin) et, le plus célèbre, à Toulfoën en Clohars-Carnoët. L’origine de ces curieuses foires aux volatiles a divisés les spécialistes, certains y voyant un culte des arbres, d’autres les réminiscences d’un rite ancien d’initiation des adolescents. Les oiseaux sauvages étaient en effet capturés par de jeunes enfants qui prouvaient ainsi leur habileté à escalader les arbres les plus hauts. Il est remarquable que ces pardons avaient lieu entre le 1er mai et la saint-Jean, en juin, c’est-à-dire lors du passage à la belle saison.
Le plus important de ces pardons, celui de Toulfoën, n’était dédié à aucun saint en particulier, même si certains l’ont rattaché à des miracles de saint Maurice, auquel est consacrée l’abbaye voisine. On l’aurait invoqué pour éloigner les oiseaux d’un champs tout juste ensemencé et il serait parvenu à arrêter les cris des volatiles qui perturbait un office. Peut être enfin que le pardon aux oiseaux était une façon pour les moines d’attirer les fidèles près de leur monastère difficile d’accès. On ne trouve également aucune chapelle aux abords du terrain où se déroulaient les festivités.
Immense foire
Toujours est-il que le pardon des oiseaux de Toulfoën va rencontrer un immense succès au xixe siècle et se muer en immense fête champêtre. A partir des années 1860, il attire des milliers de personnes venues des pays de Quimperlé et Lorient. En 1881, l’arrivée du train augmente encore la fréquentation avec plus de 20 000 participants. Aux cris des oiseaux répondent les bombardes et les binious. Le soir, des centaines de danseurs s’en donnent à cœur joie. Des courses sont également organisées.
Mais, en 1903, la ratification par la République française d’une convention internationale pour la protection des oiseaux porte un sérieux coup au pardon de Toulfoën. Faute de volatiles, il reste cependant une importante fête folklorique. Il connaîtra un nouvel élan après la Seconde Guerre mondiale, une période marquée, en 1949, par la prestation d’une nouvelle formation, le bagad et du tout nouveau groupe de cheminots de Carhaix. Dans les années 1950, les fêtes de Toulfoën attirent jusqu’à 100000 personnes. Elles ont disparu en 1991.