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Histoires de Bretagne

Un blog d'Erwan Chartier-Le Floch

Saint Herbot, un saint vétérinaire

Publié le 7 Mars 2018 par ECLF in Histoire de Bretagne

Saint Herbot, un saint vétérinaire

 

 

 

Il est l’un des saints bretons les plus révérés, particulièrement dans les campagnes où on l’invoquait pour guérir le bétail ou obtenir un meilleur beure… Mais l’existence de ce grand ami des bêtes plonge dans les temps légendaires des premiers siècles de la Bretagne.

Si saint Herbot était autrefois l’un des saints les plus populaires de basse Bretagne, on ne connaît que peu de choses de sa vie. Il n’est d’ailleurs pas reconnu par Rome et son existence n’est attestée que par une série de légendes. Une Vie du saint était, paraît-il, conservée autrefois à Berrien, mais le livre aurait été volé par les Anglais lors de la guerre de Succession, au Moyen Âge.

La tradition le dit issu d’une puissante famille d’outre-Manche. Certains l’associent à un roi celte, Gwar ou Gueor, enterré sous le tumulus de Roc’h Bleingor qui surplombe l’actuel village de saint Herbot. A moins que Gueor ne désigne un géant que le saint aurait vaincu. Curieux et aventureux, saint Herbot vivait à la fin de l’Antiquité ou au début du Moyen Âge, dans des temps troublés qui voyaient la fin de l’empire romain et l’arrivée des Bretons en Armorique.

 

Attaqué par les femmes de Berrien

Comme nombre de ses compatriotes, Herbot traverse la Manche et devient ermite dans les bois de Berrien et de Huelgoat. L’homme se plait sur ces contreforts des monts d’Arrée, au milieu des bêtes sauvages qui semblent l’apprécier et lui obéir. Le religieux commence à faire des miracles et les fidèles sont de plus en plus nombreux

Ce qui ne plait pas aux femmes de Berrien qui lui reprochent de trop accaparer leurs hommes par ses prêches et de les détourner des travaux des champs. Elles le prennent à partie et lui jettent même des pierres. Ce qui aurait fortement irrité le saint qui leur aurait prédit qu’on ne parviendrait jamais à désempierrer leur paroisse. La tradition populaire y voit donc une explication à la présence des nombreux chaos granitiques de la région.

 

Apprécié des bêtes

Herbot se retire ensuite au manoir du Rusquec, puis dans la vallée de l’Elez. Pour construire son penity, le seigneur du Rusquec lui donne deux bœufs qui appréciaient si bien la compagnie du saint qu’ils restèrent, dit la légende, à ses côtés jusqu’à sa mort. Herbot aimait en effet les animaux et on disait qu’il comprenait leur langage et qu’il aimait converser avec eux. Logiquement, en arrivant au paradis, il aurait demandé à devenir leur saint patron.

Après son décès, il est inhumé dans le petit village qui porte son nom et qui devient une paroisse (aujourd’hui, il dépend de Plonévez-du-Faou). Pour les protéger des Vikings, ses reliques sont déménagées en 869. Une partie d’entre elles se seraient retrouvées dans l’église saint Hermelan (son patronyme en français) à Rouen. Mais ce bâtiment a été incendié en 1562 par les protestants.

 

Excellent pour faire du beurre

Outre l’église de Saint-Herbot dans les monts d’Arrée, plus d’une centaine de bâtiments religieux abritent sa statue en Bretagne. Saint Herbot était en effet invoqué – et réputé très efficace ! – pour soigner les problèmes de santé des bovins. Mais en cas de guérison, le paysan devait trancher le bout de la queue de l’animal et le déposer devant la statue du saint. Dans l’église de Saint-Herbot, des dizaines de queue étaient ainsi accrochées à gauche du chancel ou sur les deux tables de granit prévues à cet effet. Le curé tirait de substantiels revenus en revendant le crin qui était utilisé pour faire des brosses.

Saint Herbot est également invoqué pour faire du beurre, l’un des aliments favoris des Bretons. Il est toujours vénéré, notamment à travers un très populaire pardon des bovins, auprès de sa magnifique église des monts d’Arrée.

 

 

 

 Saint-Herbot, joyau du gothique breton

Le fin clocher de granit apparait brusquement au voyageur venant de Huelgoat ou Plonévez et semble percer la forêt environnante. Cachés au cœur des monts d’Arrée, le hameau de Saint-Herbot et sa majestueuse église sont pourtant l’un des joyaux architecturaux du centre Bretagne. L’actuelle chapelle a été bâti à l’emplacement d’un sanctuaire détruit pendant la guerre de Succession de Bretagne. Grâce à l’argent des fidèles et de puissants parrains, une vaste église est édifiée à la fin du XVe et au début du XVIe siècle. La duchesse Anne finance ainsi la construction du clocher et de l’impressionnant porche, ce dernier conservant des fresques médiévales au plafond. On aperçoit les armes des ducs de Bretagne sur sa façade. A la Renaissance, Saint-Herbot continue d’être un lieu de culte très prisé. On y construit un ossuaire, puis un calvaire (en 1571). Le cadran solaire date quant à lui de 1581. L’intérieur est tout aussi remarquable, avec un magnifique chancel sculpté (il séparait les fidèles des prêtres), plusieurs statues médiévales et des vitraux du XVIe siècle.

Saint Herbot, un saint vétérinaire
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