Exposée au musée de Bretagne, à Rennes, la statue de déesse dite « Brigitte du Menez Hom » est l’un des plus poignants témoignages de la spiritualité des Osismes, la grande tribu gauloise de l’ouest de l’Armorique. Elle a été découverte en 1913, par Jean Labat, un paysan défrichant une lande sur les flancs du Menez Hom, cette montagne bornant l’entrée de la presqu’île de Crozon et dominant la baie de Douarnenez. La découverte eu lieu en Kerguilly, sur la commune de Dineault. Il s’agissait d’une tête en bronze, surmontée d’un casque. Ce dernier est de type celtique, même si les trous de visée indiquent une influence grecque ou méditerranéenne. Le long cimier figure un oiseau prenant son envol, un cygne sauvage, animal très présent dans la mythologie celtique. Il devait porter des plumes à l’origine. Après la Première Guerre mondiale, le paysan se met à la recherche du reste de la statue. Dans une cachette, il retrouve le corps entouré d’une statue, deux bras et des pieds chaussés de sandales. L’ensemble mesurait 70 cm de haut et était très dégradé. Il confie sa découverte à un médecin des environs en 1935. La statuette est à nouveau enfouie pendant la Seconde Guerre mondiale pour échapper aux réquisitions de métaux. Très dégradé, le corps en taule n’a pu être sauvé avant l’acquisition, en 1972, des restes de la statue par le musée de Rennes.
Double influence
Même sans le corps, la statuette a suscité l’intérêt des archéologues qui l’ont baptisée la « Brigitte du Menez Hom ». Figure importante du panthéon irlandais, avant d’être christianisé, Brigitte est également associée à la déesse gauloise Belissama ou bretonne Brigantia, « la brillante ».
Daté du Ier siècle, Cet objet peut aussi correspondre à une représentation de Minerve-Athéna, associée à une déesse locale. L’association entre des dieux romains et gaulois était fréquente. En fait, la « Brigitte » témoigne d’une double influence, celte et romaine. Car, si le casque indique une influence méditerranéenne, la statue, par ses formes, par sa chevelure et par le fait que les pieds restent découverts, est clairement d’influence celtique.
La déesse de Kerguilly devait être adorée dans un sanctuaire situé sur le Menez Hom. Lorsque Roger Sanquer et Donatien Laurent ont retrouvé Jean Labat dans les années 1970, ce dernier leur a confié avoir détruit un mur antique à proximité de la découverte. A l’instar de la montagne de Locronan, toute proche, cette hauteur a pu constituer, dans l’Antiquité, un haut lieu spirituel pour les Osismes. Avec une altitude de 330 mètres, il était visible tant depuis la mer que la terre. Le culte des hauteurs était ainsi fréquent chez les Celtes et Brigitte/Brigantia était la déesse de la sagesse, des forgerons et des savants.