Originaire d’Uzel, dans les Côtes-d’Armor, Fulgence Bienvenüe a suivi une brillante carrière d’ingénieur avant d’être chargé de la construction des premières lignes du métropolitain parisien, particulièrement la ligne 1, construite pour l’exposition universelle de 1900.
C’est à Uzel, petite commune des Côtes-d’Armor, entre Saint-Brieuc, Quintin et Loudéac, que voit le jour Fulgence Bienvenüe, en janvier 1852. Il naît dans une famille de treize enfants, très implantée dans la région. Notaire, son père se passionne pour l’histoire et l’archéologie locale, tout en inculquant à son fils le goût des auteurs grecs et latins. Son grand-père, Louis-René Bienvenüe avait été nommé représentant à la Chambre des Cent-jours pour le retour de Napoléon, ce qui vaudra quelques représailles à ce magistrat, écrivain et polémiste, après la restauration des Bourbons.
Ingénieur brillant
Elève brillant, Fulgence obtient le baccalauréat de philosophie à 15 ans, puis part à Paris pour devenir ingénieur. Admis à Polytechnique en 1870, il est mis à disposition du gouvernement pour diffuser des messages. Arrêté par les Communards, il échappe de peu à une exécution sommaire. Il intègre ensuite l’école des Ponts-et-Chaussées avec son compatriote Harel de la Noë qui bâtira le réseau secondaire des trains des Côtes-du-Nord.
Il part ensuite dans l’Orne, malgré son souhait de revenir en Bretagne. Il se distingue dans la mise en place des lignes de chemins de fer locaux, notamment entre Fougères et Vire. Il a volontiers recours aux nouveaux moyens technologiques pour les travaux publics, comme l’usage de la dynamite. Mais le 25 février 1881, il perd son bras gauche dans un accident sur un chantier. Episode qui lui vaut la légion d’Honneur. Il commente sobrement : « j’ai été exproprié de mon bras ».
Le métropolitain
En 1884, il est muté à Paris. Il prend en charge les chemins de fer de l’Est, puis intègre le service municipal dans les très populaires 18e et 19e arrondissements. Il améliore les égouts, travaille sur l’aménagement des Buttes-Chaumont et conçoit le tramway-funiculaire de Belleville, inauguré en 1890.
En 1895, avec Edmond Huet, il rédige un avant-projet de réseau de chemins de fer métropolitain pour la ville de Paris. Les trains doivent être propulsés à l’énergie électrique. Depuis les années 1860, Londres et New York se sont lancés dans la construction de réseaux de « métros », mais en France, l’opposition des grandes compagnies de chemins de Fer reste forte. Les premiers projets parisiens remontent à 1851.
Finalement, le projet de Bienvenüe est retenu en 1897 et les travaux sont lancés en octobre 1898. Tout doit être prêt pour l’exposition universelle de 1900. La ligne 1, entre porte de Vincennes et porte Maillot est inaugurée dans les temps, le 19 juillet 1900. Pour l’anecdote, elle était en état une semaine plus tôt, mais une grève des omnibus avaient fait craindre aux autorité une trop forte affluence. Le Figaro salue l’exploit de manière ironique, estimant que Bienvenüe est « l'auteur d'une des plus jolies opérations... césariennes que Paris ait subies. Ce qui ne l'empêche pas d'être un fervent républicain. »
Le développement du métro
Le succès du métro est immédiat et les chantiers pour la deuxième et troisième lignes sont lancés dans la foulée. Ils sont bouclés en cinq ans. La ligne 4 qui passe sous la Seine, impose de nouvelles techniques innovantes. Elle est mise en service en 1910. Fulgence Binevenüe doit également gérer les premiers drames du métro, comme l’incendie de Couronnes, en 1903, qui fait 84 victimes.
En 1914, à 62 ans, Fulgence Bienvenüe obtient d’être mobilisé comme colonel du Génie, afin de contribuer aux défenses de Paris, alors menacé par l’avance des troupes allemandes. Quelque mois plus tard, le front s’étant stabilisé au nord-est, les autorités le chargent de superviser les chantiers des nouvelles lignes du métro.
Il demeure ingénieur conseiller de la ville de Paris jusqu’à sa retraite, à 80 ans, en 1932 ! Et c’est de son vivant que le conseil de Paris décide de lui attribuer le nom d’une station, près de Montparnasse. Il décède quelques années plus tard, le 3 août 1936.