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Histoires de Bretagne

Un blog d'Erwan Chartier-Le Floch

Des fouilles au cœur de Nantes

Publié le 29 Août 2011 par ECLF in Archéologie

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C’est tout un pan de l’histoire de Nantes que les archéologues sont en train de mettre au jour. Au gré des fouilles effectuées entre l’île Feydau, la place du Bouffay et le Cours des Cinquante Otages, la trame urbaine de la ville antique puis médiévale se dévoile.

“Depuis le début de l’année 2011, l’archéologie est au cœur de Nantes, s’enthousiasme Frédéric Mercier, du service municipal du patrimoine. Nous sommes en train de renouveler les données scientifiques sur l’histoire de la ville depuis l’Antiquité et sur son rapport à la Loire.” Entamés début 2011, plusieurs chantiers de fouilles explorent en effet les quartiers historiques, de la ville, en plein réaménagement urbanistique. Ces recherches touchent notamment les anciens bords de la Loire, aujourd’hui comblés. “À certains endroits, les stratigraphies peuvent atteindre sept mètres de haut, confie un archéologue. Cela illustre le potentiel archéologique exceptionnel de ces dépôts.” La fouille a d’ailleurs été décidée sans diagnostics préalables, les archéologues étant sûrs de découvrir des vestiges à ces endroits. En raison de contraintes financières et temporelles, les sites ne seront pas explorés dans leur totalité. Les fouilleurs s’arrêteront à la profondeur requise pour les aménagements de voirie. Ainsi, place du Bouffay, ils ont atteint les sols médiévaux, mais ne devraient pas creuser plus pour étudier les strates plus basses de la ville antique.

 

Premières découvertes

En fouillant plusieurs centaines de mètres carrés du centre historique de Nantes, les archéologues espéraient affiner leurs connaissances sur les différentes enceintes de la ville. Ils ont été surpris en mettant au jour un tronçon de rempart antique, bâti à la fin du iiie siècle de notre ère. “Il est situé plus au sud que prévu, note Stéphane Augry, responsable de l’opération à l’Inrap. Il y a une sorte de décrochement par rapport au tracé supposé.” Les archéologues ont également découvert une partie de l’enceinte médiévale, édifiée par les ducs de Bretagne au xiiie siècle. “Les fouilles mettent en évidence le fait que les traces d’abandon et de démantèlement de l’enceinte romaine correspondent à la période de construction du rempart médiéval”, explique Stéphane Augry.

Les archéologues ont dégagé les fondations de la porte de la poissonnerie et un rempart médiéval “large de trois mètres, avec une maçonnerie importante et impressionnante”. Ils défendaient le côté sud de la ville et les rives sur la Loire. “Cela nous permet de repositionner ces quais durant l’Antiquité et le Moyen Âge, indique Stéphane Augry. On peut désormais confronter les données archéologiques aux documents anciens.” Plusieurs bâtiments, peut-être des habitations, s’appuyaient sur la muraille. Il s’agit de constructions en bois, en terre et en chaume. Les chercheurs vont pouvoir faire progresser nos connaissances sur l’utilisation de l’espace et les rapports entre la ville et le fleuve. Les phénomènes de sédimentation comme les différentes phases de canalisation, entre le xviiie et le xxe siècle, qui ont repoussé le cours de la Loire vers le sud. Une étude sera ainsi menée dans les mois qui viennent sur le chemin de saint Félix, supposé remonter au vie siècle.

Autour de la place du Bouffay, les fouilles touchent des lieux fameux dans l’histoire de Bretagne. Les traces des anciens piloris ont été mises au jour. C’est là que Pontcallec et ses conjurés ont été exécutés en 1720. La place était autrefois bordée au sud par l’hôtel de la Monnaie, dont les fondations devraient être exhumées. Il s’agit d’un ancien atelier monétaire, en fonction entre le xve et le xviiie siècle. Enfin, les textes anciens évoquent un château du Bouffay, occupé par les comtes de Nantes et les premiers ducs de Bretagne au xie siècle. Il pourrait être situé sous des immeubles actuels. Les archéologues ont découvert un important mur médiéval qui pourrait être en relation avec ce site. Ils ont également relevé quelques traces du haut Moyen Âge, période encore très méconnue. Les recherches qui doivent se poursuivre pendant plusieurs mois devraient continuer d’apporter de nombreux et précieux éléments sur l’histoire d’une ville jusqu’alors très peu fouillée.

Erwan Chartier-Le Floch

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