Fondé à la l’époque romaine, le château de Brest est à l’origine du grand port qui s’est développé autour. Considéré au Moyen Âge comme l’un des plus forts châteaux du monde, il a résisté aux bombardements de la Seconde Guerre mondiale et demeure l’un des plus anciens monuments de la ville.
Les plus anciens vestiges retrouvés à Brest remontent à l’époque romaine. Au début du IIIe siècle de notre ère, les autorités impériales choisissent cet éperon rocheux pour y bâtir une vaste enceinte en forme de trapèze. On ne sait pas si le site avait auparavant été occupé par les Romains ou les Gaulois. Une flottille, destinée à combattre les pirates germains dans la Manche, devait mouiller dans l’estuaire de la Penfeld. Un texte du IVe siècle indique qu’une légion de Maures y stationnait. On peut toujours voire les bases de ce mur romain, épais de quatre mètres, dans l’enceinte médiévale.
L’histoire de Brest durant le haut Moyen Âge demeure méconnue. Il est très vraisemblable que le site a continué à être occupé, une petite communauté s’abritant derrière les solides murailles romaines. Albert le Grand, au XVIIe siècle, rapporte la légende d’Azénor, fille d’Even roi de Brest en 537. Elle aurait donné naissance au futur saint Budoc en Irlande. Une tour du donjon porte d’ailleurs son nom.
Brest, ville anglaise
En 1240, les comtes de Léon cèdent la ville, le port et le château de Brest au duc de Bretagne. Les remparts romains ont été améliorés. A l’angle nord, un donjon a été édifié. Une petite agglomération s’est en effet développée dans l’enceinte. Au début de la guerre de Succession de Bretagne, en 1342, Edouard III d’Angleterre prend Brest et y installe une garnison. La cité du Ponant est en effet idéalement située pour le souverain anglais, qui contrôle la Guyenne et l’Aquitaine. La rade de Brest constitue une étape pour les navires anglais.
La garnison ne comprend que quelques dizaines d’hommes, mais la place est solidement gardée. Le chroniqueur Froissart qualifie Brest de « chasteau le plus fort du monde » et plusieurs sièges seront menés en vain. En 1378, du Guesclin ne parvient pas à prendre Brest. En 1386-1387, un long siège est mené par l’armée ducale et se solde par un échec. Il faut attendre 1397 pour que des négociations aboutissent et que les Anglais quittent la place. Ils ont d’ailleurs amélioré les défenses et construit, sur l’autre rive de la Penfeld, une autre place forte, la Tour Tanguy.
Une forteresse ducale
Tout au long du XVe siècle, les ducs de Bretagne vont ordonner d’importants travaux de fortification à Brest. L’enceinte est rehaussée. La Tour Madeleine protège le flan sud. L’entrée de l’enceinte est défendue par deux grosses tours et un « ravellin ». A l’angle nord se dresse le véritable château, constitué des tours nord, Azénor, et de la duchesse Anne. L’ensemble est séparé du reste de la ville close par une douve. Il s’agit de la résidence ducale, lorsque les souverains bretons logent à Brest. En 1505, Anne de Bretagne y fait ainsi un court séjour. Elle est accueillie par Gilles De Texue, gouverneur de Brest de 1499 à 1514, dont le gisant est conservé au musée du château.
Les fortifications sont modernisées pour faire face au progrès de l’artillerie. En 1454, la garnison s’élève à près de cinq cents hommes. Elle repousse un assaut anglais. Un faubourg commence aussi à se former en dehors de l’enceinte. Le 10 août 1512, la Cordelière apareille en urgence de Brest pour contrer une escadre anglaise. Le navire amiral d’Anne de Bretagne sombre avec le Regent au terme d’un combat épique.
Une citadelle française
Après la fin de l’indépendance bretonne, Brest devient une forteresse française, dont les défenses sont améliorées. Pendant les guerres de la Ligue, elle reste fidèle au roi Henri IV. En 1592, elle résiste ainsi à six mille ligueurs. A la fin du XVIIe siècle, Vauban arrive en Bretagne pour développer les fortifications littorales, dont Brest, devenu un arsenal militaire sur décision de Rochelieu. Vauban va transformer le château en citadelle, occupée uniquement par des militaires. Les civils sont logés dans la ville, hors de l’enceinte médiévale, mais défendue par un rempart « à la Vauban ». Les fortifications du château sont aussi améliorées. Les toits de plusieurs tours sont enlevés, pour faire place à des batteries d’artillerie. Des forts sont construits pour défendre la rade.
Le château de Brest est désormais le siège du pouvoir militaire et administratif. La construction navale se développe et la Penfeld accueille des escadres de navires, notamment durant la Guerre d’indépendance américaine. Pendant la Révolution, le château devient le « Fort-la-loi ». Il sert de prison, notamment pour le chef royaliste Cadoudal. Au XIXe siècle, il devient le siège de la garnison d’un régiment d’infanterie. Pendant la Seconde Guerre mondiale, les Allemands creusent des galeries sous le château, qui est touché par les bombardements. Après les durs combats de l’été 1944, sa lourde silhouette domine le champ de ruines qu’est devenu Brest. Les casernes situées sur l’esplanade sont rasées. Par la suite, une nouvelle préfecture maritime est édifiée sur l’espace resté libre, tandis que le musée de la Marine s’installe dans les vieilles tours médiévales restaurées.
Pour en savoir plus :
Gerard Cissé, Brest au coin des rues, Editions du Télégramme, Brest, 2008.
Alain Boulaire, René Le Bihan, Brest, Histoire et géographie contemporaine, Editions Palantines, 2008.
le musée de la Marine
Le musée de la Marine de Brest évoque le riche passé maritime de la cité du Ponant. Le développement et la création de l’arsenal sont ainsi évoqués dans plusieurs salles de l’ancien donjon. On peut notamment découvrir des maquettes des chantiers du xviiie siècle. Le musée présente d’impressionnantes figures de proue, ces sculptures en bois qui étaient situées à l’avant des grands navires à voile. Il évoque aussi l’âge d’or de l’académie de Marine, lorsqu’à la fin du XVIIIe siècle, Brest était devenu un important pôle scientifique, d’où sont parties de grandes expéditions, comme celle de Bougainville. Mais cette période avait des aspects sombres que la visite n’élude pas en évoquant la Traite ou le bagne de Brest, l’un des plus importants du royaume. La période contemporaine est enfin traitée, avec notamment un ancien sous-marin de poche, présenté en extérieur.
Renseignements : Château de Brest, 29200 Brest. Téléphone : 02 98 22 12 39. Télécopie : 02 98 43 30 54.