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Histoires de Bretagne

Un blog d'Erwan Chartier-Le Floch

Louis Le Breton, peintre et explorateur

Publié le 11 Décembre 2013 par ECLF in Histoire de Bretagne

 

Chirurgien de marine et dessinateur reconnu, le Douarneniste Louis Le Breton a fait partie des premiers explorateurs du continent antarctique. Il reste aussi l’un des grands témoins de la vie maritime du XIXe siècle. Si la plupart de ses estampes s’arrachent aujourd’hui à prix d’or, plusieurs de ses œuvres sont conservées dans les bibliothèques et les musées bretons.

 

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Louis Le Breton naît à Douarnenez en 1818, dans une famille de notables et de médecins. Son grand-père, Jean-Baptiste-Laurent Le Breton avait le premier prêté le serment d’Hypocrate après avoir étudié son art, dans les années 1770, au sein de la très réputée université de Montpellier. Installé à Quimper, Jean-Bpatiste-Laurent Le Breton exerce la médecine mais également quelques charges administratives et politiques après la Révolution. En 1790, il est ainsi choisi pour diriger les toutes nouvelles archives départementales du Finistère. Son fils Pierre-Marie Le Breton perpétue la dynastie de médecins cornouaillais. Né en 1796 à Quimper, il fait de brillantes études et décroche son doctorat de médecine avant de s’installer à Douarnenez. Il y devient l’ami du grand savant breton, Théophile-René Laënnec, l’inventeur du stéthoscope. C’est Pierre-Marie Le Breton qui assiste Laënnec pendant sa dernière maladie, en 1826.

 

Circumnavigation dans les mers du Sud

C’est dans cet environnement familial, mais également maritime que grandit le jeune Louis Le Breton, très tôt orphelin de mère et enfant unique. En 1836, il intègre l’École de médecine navale de Brest. Il en sort, le 8 juin 1837, avec le titre de « chirurgien entretenu de la Marine de troisième classe ». Le mois suivant, il reçoit sa première affectation : ce sera l’Astrolabe, une corvette commandée par Jules-Sebastien Dumont d'Urville (1790-1842). Marin confirmé, ce dernier est réputé de composition difficile. Hans-Otto Meissner le décrit comme « repoussant et fascinant ». Volontiers hautain, convaincu de sa supériorité intellectuelle, Dumont d'Urville est capable de vouer une haine féroce à ses rivaux. On lui doit cependant l’acquisition de la Vénus de Milo par la France et plusieurs voyages d’exploration autour du Monde, des circumnavigations. En 1826, on le charge ainsi de partir à la recherche de l’expédition de La Pérousse dans les îles d’Océanie. Après une période de disgrâce, Dumont d'Urville se voit offrir, en 1837, un nouveau voyage d’exploration vers les mers du Sud.

 

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Non exempt de préoccupations géopolitiques – il s’agissait pour Louis-Philippe de réaffirmer la vocation maritime de la France dans cette région face aux ambitions britanniques mais également américaines -, ce voyage est essentiellement à vocation scientifique. Il en reste d’ailleurs un impressionnant corpus de textes et d’atlas en zoologie, botanique, hydrographie et anthropologie. Une aventure scientifique à laquelle va prendre part Louis Le Breton en tant que marin mais également de dessinateur.

 

Dessinateur et géographe

Depuis le XVIIIe siècle, tous les voyages d’exploration comptaient au moins un dessinateur. Pour l’expédition Dumont d'Urville, c’est d’abord Ernest-Auguste Goupil qui occupe cette fonction, secondé par plusieurs autres artistes membres de l’équipage, dont Louis Le Breton. Ce dernier va perfectionner son trait auprès de Goupil qui décède au cours du voyage, en 1839. Louis Le Breton devient alors le dessinateur officiel de l’expédition et ramène près de cinq cents croquis qui lui serviront à bâtir des œuvres ambitieuses. Dès 1841, il expose au salon de Paris des peintures sur l’Antarctique, notamment une Entrée de la corvette Astrolabe dans les glaces en 1840. Ses talents et les éloges de Dumont d'Urville lui vaudront la légion d’honneur en 1845.

A noter que plus de la moitié des hommes partis de Toulon en 1837 ne rentreront pas en Europe. Louis Le Breton fait partie des survivants qui reviennent en 1840. Il continue à naviguer et quitte à nouveau l’Europe en 1845, vers l’Océan Indien et Madagascar. Il revient en France en 1846 et est hospitalisé plusieurs mois.

 

Journaliste et ethnologue

En 1848, Louis Le Breton renonce à sa carrière médicale. La Seconde république le nomme au Dépôt des cartes et plans, où il poursuit sa carrière de dessinateur et de géographe jusqu’à sa mort. Il vit désormais à Paris, mais revient à Quimper se marier en 1855. Il meurt en 1866, lors d’une épidémie de choléra.

A partir des années 1840, Louis Le Breton entame également une carrière de journaliste pour plusieurs revues illustrées qu’il alimente de ses gravures et dessins. Il travaille particulièrement pour L’Illustration, Le Magasin pittoresque ou Le Monde Illustré. Selon l’universitaire néo-zélandais Roger Collins, « il reste l’un des grands spécialistes de la mer ; scènes maritimes, sujet d’actualité navale parmi lesquels guerre, s invasions, bombardements, déplacements présidentiels (jusque 1852) ou impériaux (à partir de 1853) et catastrophes tiennent bonne place. » Relativement méconnu aujourd’hui en Bretagne, Louis Le Breton demeure une référence dans le domaine de l’estampe et de la lithographie maritime, où ses œuvres et ses ouvrages s’arrachent souvent à des prix astronomiques.

 

Pour en savoir plus :

Louis Le Breton, témoin des marines du XIXe siècle, Éditions du Chasse-Marée, Douarnenez, 1993.

A Soudry, G. Téqui, Dumont d’Urville, sa vie intime pendant son troisième voyage autour du monde, G. Téqui, libraire-éditeur, 1886.

Étienne Taillemite, Marins français à la découverte du monde, Fayard, Paris, 2005.

Roger Collins, Louis Le Breton, à la découverte de l’Océanie et de l’Antarctique, collection Coop Breizh Artistes, Spézet 2013.

 

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