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Histoires de Bretagne

Un blog d'Erwan Chartier-Le Floch

Le premier festival interceltique de 1927 à Riec-sur-Belon

Publié le 4 Août 2019 par ECLF in Interceltisme, Histoire de Bretagne

Le premier festival interceltique de 1927 à Riec-sur-Belon
Le premier festival interceltique de 1927 à Riec-sur-Belon

 

 

 

 

Le 19 août 1927 se tient le « festival interceltique de Riec-sur-Belon », une manifestation en partie organisée par le Consortium breton, une revue imaginée par Taldir Jaffrennou et dont le directeur en était Jean de Saisy de Kerampuil, résidant alors à Riec-sur-Belon. Le but de cette revue était clair, il s’agissait de « créer dans l’élite une opinion celtique ». Elle était financée par un groupe d’affaires qui avait également avancé les fonds pour la manifestation de Riec.

Sans trop de modestie, la revue qualifiait d’ailleurs l’événement de « festival interceltique de Riec, le plus beau qui ait été vu au monde ». On y trouvait des délégations écossaise, cornique, galloise, manxoise et irlandaise, mais également occitane, canadienne et flamande. Pas moins de cent cinquante personnes constituaient les délégations des pays celtiques. « Cinq autocars, dirigés par M. Quillivéré, entrepreneur de transports à Saint-Pol-de-Léon, ont été, vendredi 12 août, chercher au débarquement à Saint-Malo, les délégués des îles Britanniques et leurs bagages. »

Se souvenant des incidents du Congrès celtique de Quimper, les promoteurs du festival et les membres du Consortium, de tendance régionaliste, incitent les nationalistes à se faire discrets : « Le consortium breton n’a rien de commun avec les éphèbes en mal de réclame, pour la plupart étrangers au pays, qui ont profité de la fête des reines de Cornouaille pour répandre des tracts criminels de nature à discréditer la Bretagne. Ils agiront sagement en s’abstenant de récidiver au Festival interceltique, car la police étant assurée par les ouvriers des usines de Riec eux-mêmes, les perturbateurs éventuels, d’où qu’ils viennent, seront durement reçus. »

 

Cornemuses écossaises et chœurs gallois

La matinée du samedi 13 août commence par un défilé dans les rues de Riec-sur-Belon : « En tête marchent les bagpipers d’Écosse, précédant leur délégation, suivis à quelque distance par les groupes de binious bretons de Riec, Bannalec, Pont-Aven, Carhaix, Saint-Thois, etc. Puis viennent quinze magnifiques bannières armoriées des anciens pays de Bretagne, prêtées par l’Union régionaliste bretonne. Les délégations d’Irlande, de Galles et de Cornwall suivent, mêlées aux délégués des sociétés régionalistes de Bretagne ; puis viennent les aspirants bardes, la bannière des bardes, le drapeau breton, enfin la longue théorie des ovates, bardes et druides en robes vertes, bleues et blanches. »

Le festival marque la renaissance du Gorsed de Bretagne, que Taldir réorganise en palliant à l’absence d’Yves Berthou. Le futur troisième « grand druide de Bretagne » fait installer un cromlech, constitué de cinq « menhirs », sur la lande Kerco, une installation influencée par les cérémonies galloises. Il s’agissait d’ailleurs de mégalithes fort modernes : « Ils ont la forme de troncs de cône et sont bâtis en moellons massifs, recouverts d’un crépi de ciment orné de cannelures longitudinales. Le sommet des colonnes a la forme d’une calotte ; et à l’entourage de la base, sont moulées d’énormes hermines frangées du plus bel effet. Le médaillon est à peu près au milieu de la colonne et contient une plaque de marbre où sont gravés le nom et les œuvres de Gilles de Kerampuil ; Auguste Brizeux ; Hersart de La Villemarqué ; Jean-Pierre Le Scour, Théodore Botrel. »

En dessous de cet étonnant monument, des trous de deux mètres de profondeur ont été creusés. Ils renferment des bouteilles contenant des parchemins en latin, anglais, breton, français et gaélique où est écrite cette profession de foi interceltique : « L’an de grâce 1927, le 13 août, au lendemain de la Grande Guerre d’où naquit la liberté des peuples, qui marqua le terme de la force opprimant le droit, les différents rameaux de la grande famille Celte, réunis sur la lande de Kervo, ont élevé cinq colonnes mémoriales à ceux qui menèrent le bon combat breton, afin que dans l’avenir leurs descendants sachent qu’en ce jour mémorable est née la grande ligue celtique qui barrera le chemin au germanisme, pour que la liberté ancestrale règne sur le monde et que l’épée d’Arthur voie ses deux tronçons ressoudés pour le plus grand bien de l’humanité. »

 

 

 

Le Gorsed se tient dans un cercle de douze pierres, où se trouve un dolmen. « Celui-ci est une table en aggloméré de grès et de ciment de 6 mètres de long sur 3 mètres de large ». Taldir préside en tant que délégué de Berthou qui n’a pu venir. Il est nommé sous le titre de « druide-coadjuteur ». Il y a aussi un représentant gallois, délégué par l’archidruide Pedrog. Bretons et Gallois procèdent à la cérémonie des deux glaives. « Le druide Conan proclame l’union indissoluble des deux tronçons de la race celte séparée par la mer ».

Plusieurs nouveaux membres sont ensuite intronisés, dont le docteur Cotonnec. On compte également une bardesse, mademoiselle Nathalie de Volz-Kerhoënt, de Quiberon. Les délégués étrangers prennent la parole. Puis les membres du clergé bénissent les cinq colonnes-menhirs du festival. « Et le cortège se reforme. Les bagpipes écossais font entendre leur son puissant, en même temps que les binious leur musique aigrelette. »

Un grand banquet est ensuite servi en plein air à plus de deux mille convives. Un second banquet, le dimanche midi, en attire cinq cents de plus. L’après-midi, selon les organisateurs, trente mille personnes occupent la colline de Kerco où ont lieux des jeux athlétiques, un tournoi de lutte, des concours de gavottes et des « danses au biniou », mais également des démonstrations de danses écossaises. « Les chœurs des Gallois, chantés par tous les membres de cette délégation, les femmes en costume national, elles aussi, chœurs qui ont été longuement écoutés et bissés ». Certains délégués étrangers semblent avoir gardé un fort bon souvenir : « J’ai regardé avec honneur et privilège d’avoir pu un peu collaborer avec vous pour quelque temps plus tard Augusta Lamont, de la délégation écossaise. Ce que nous désirons de tout notre cœur est le succès de vos grandes entreprises. Que votre exemple et votre succès fortifient les efforts de nous autres, les Celtes d’outre-mer. »

Les joueurs écossais semblent également avoir apprécié d’entendre leurs homologues bretons. Un certain Malcom Johnston, de la société des pipers d’Édimbourg écrit ainsi : « De retour à la maison, je me remémore cette assemblée de Riec, et je vous demande d’être mon interprète auprès du Comité pour le remercier de sa grande hospitalité. Ce fut très réconfortant pour moi de voir combien les Celtes de Bretagne aiment entendre notre instrument national. De mon côté, j’espère pouvoir un jour me mettre à l’étude du biniou. »

 

Succès populaire

Selon les organisateurs, le succès de la fête aurait stupéfié les délégués étrangers : « Qu’ajouter de plus ? Ce fut une féerie pour les yeux, pour les oreilles ; les plus raffinés y ont trouvé des sensations inédites et originales ; le peuple s’est amusé sainement et patriotiquement. [...] Nous n’avons pas entendu une critique ; quant aux délégués des îles Britanniques, leur stupéfaction devant cette organisation dont on ne croyait pas ce pays capable, n’est pas prête de se dissiper, et leurs journaux, comme d’ailleurs ceux de Paris, se sont fait l’écho de l’excellente impression qu’a laissé au monde entier, le festival inter-Celtique de Riec-en-Cornouaille. »

Il est assez tentant de faire le parallèle avec les futurs festivals interceltiques de Lorient à l’époque contemporaine, le Gorsed et les mégalithes en béton en moins : un public nombreux, des délégations de tous les pays celtes, une certaine convivialité, des cornemuses... Même si le festival interceltique de Riec n’eut pas de suite immédiate, il fait incontestablement figure de précurseur en la matière. Le festival interceltique de Riec-sur-Belon marquait une forme de renaissance du néodruidisme breton, qui allait s’exprimer régulièrement à travers des manifestations culturelles à forte tonalité interceltique.

 

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K
les fêtes celtiques de Riec sur belon ne forme pas le premier festival interceltique - si vous parcourez ma page facebook " katell mouazan" vous verrez qu'il y a eu depuis aout 1904 une réunion interceltique impliquant l'écosse, l’île de man, le pays de galles,l'irlande et la bretagne prend l'habitude de se tenir annuellement - kenavo
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A
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