Lors d’une opération d’aménagement, à Plouédern près de Landerneau, les archéologues ont mis au jour un important site de l’âge du Bronze. Il a livré de nombreuses poteries qui, une fois reconstituées, vont désormais servir de référence pour l’étude des autres sites de cette époque.
Le projet d’une vaste zone d’activités du Leslouc’h, au nord de Landerneau, a permis aux archéologues d’étudier une vaste surface de plusieurs hectares durant le printemps et l’été 2008. “Ces grands décapages présentent un intérêt certain car ils offrent une vision large d’un site, explique Gilbert Aguesse, directeur de l’Inrap grand ouest. Nous collectons énormément de données qui permettent de comprendre les évolutions d’un territoire. Dans le cas présent, la superposition des vestiges sur plusieurs millénaires montre que les paysages se sont mis en place très tôt, parfois dès la protohistoire.”
Fréquenté dès le Néolithique, l’endroit connaît une nouvelle occupation durant l’âge du Bronze moyen, vers 2300 avant J.C. Plusieurs enclos sont édifiés. Ils sont délimités par des fossés d’un mètre de large pour quarante centimètres de profondeur environ. Surplombés par de petits talus, ces fossés ne sont pas des aménagements défensifs, mais ils sont destinés à délimiter et structurer l’espace. Ils permettent également de mieux contrôler le bétail. Le plus grand enclos fouillé au Leslouc’h mesure deux cent cinquante mètres de long sur une cinquantaine de large. Des zones de bâtiments ont été décelées, grâce notamment à l’empreinte des trous de poteaux qui supportaient les édifices.
Plus tard, le site a de nouveau été occupé à la fin de l’âge du Bronze, vers 1000 avant J.C., avec peut-être l’édification d’un tumulus. Un site de l’époque gauloise a également été détecté. Enfin, les archéologues ont fouillé des bâtiments médiévaux dont la présence s’explique par la présence voisine de l’enceinte du Leslouc’h. Un silo, ainsi que les fondations d’une grange ont été mis au jour. Ils auraient été utilisés entre le xie et le xiiie siècles. À noter que les fossés délimitant les parcelles du Moyen Âge reprennent en partie ceux de l’âge du Bronze.
Des récipients de l’âge du Bronze
L’âge du Bronze en Armorique était jusqu’à présent essentiellement connu à travers quelques objets métalliques et la fouille de sépultures. L’étude du site du Leslouc’h a permis de découvrir plusieurs dizaines d’objets en céramique - des plats, des jarres et toutes sortes de récipients -, dont certains sont décorés. Ils témoignent de la vie quotidienne à l’époque, mais une telle concentration est assez rare. “Ils ont été disposés sur vingt-cinq à trente mètres au fond d’un fossé, explique Stéphane Blanchet, le responsable de l’opération. Certains ont été détruits volontairement avec des blocs de granit que nous avons retrouvé au milieu des débris. D’autres étaient entiers et ont été recouverts de terre.” La mise en place de ces objets s’est sans doute effectuée dans un laps de temps assez court. Peut-être s’agit-il d’une forme de rite lié à l’abandon du site ? Ce dernier n’a en effet été occupé que pendant quelques décennies, entre vingt et trente ans, ce qui correspond à la durée de vie d’une habitation de l’époque.
Quoi qu’il en soit, la quantité comme la qualité des objets retrouvés au Leslouc’h va désormais servir de référence pour l’étude de nouveaux sites. “Ils vont constituer le corpus avec lequel nous allons pouvoir étudier les objets contemporains, indique Stéphane Blanchet. Nous allons également pouvoir faire des comparaisons avec les découvertes effectuées sur d’autres sites, notamment dans le sud de l’Angleterre et en Normandie, afin de déterminer quelles ont pu être les relations entre ces différentes régions européennes.”