En juin 1944, à Saint-Marcel dans le Morbihan, des milliers de maquisards encadrés par des parachutistes SAS, ont tenu tête à la Wehrmacht. Un musée en perpétue le souvenir, tout en proposant une lecture complète de la vie des Bretons sous l’occupation allemande. Ce texte est tiré d'un article paru dans ArMen n°165 de juillet 2008.
Aujourd’hui encore, malgré leur quiétude apparente, les bois et les collines de Saint-Marcel, en lisière des landes de Lanvaux, conservent le souvenir des durs combats qui éclatèrent ici en juin 1944. “On l’oublie souvent, mais c’est ici qu’est tombé le premier mort du Débarquement, explique Sylvie Rolland, gestionnaire du musée de la Résistance bretonne. Il s’agissait d’un jeune parachutiste SAS tombé lors d’un échange avec les troupes allemandes, le 5 juin 1944.”
En prévision de l’opération Overlord, plusieurs dizaines de parachutistes SAS avaient en effet été envoyées en Bretagne, afin d’organiser les maquis et de fixer les troupes allemandes pour qu’elles ne puissent renforcer le front de Normandie. Le plus important de ces maquis va se constituer à Saint-Marcel, dans le Morbihan. Des milliers de résistants vont s’y rendre et s’y armer. Un véritable pont aérien est mis en place : jusqu’à sept mille containers seront ainsi parachutés en une seule nuit ! Les Allemands réagissent et attaquent le 18 juin au matin, mais ne parviennent pas à enlever le camp. Les maquisards préfèrent cependant évacuer les lieux dans la nuit, avant d’être encerclés. Leur combat et leur résistance face à l’Occupant auront un énorme retentissement en Bretagne et galvaniseront les autres maquis.
Après la guerre, un monument sera élevé puis, en 1979, un premier musée est installé dans la mairie. Mais, face à l’afflux des visiteurs, il se révèle trop petit et la décision est prise d’en construire un nouveau sur le lieu des combats. Il est inauguré en 1984. Une collection privée d’objets de la Seconde Guerre mondiale a permis de constituer le noyau d’un fonds muséographique qui continue toujours de s’enrichir. “Nous recevons de nombreux dons, indique le conservateur Jean-Marc Michaud. Des armes notamment, que des particuliers avaient conservées depuis la guerre. C’est d’ailleurs plus prudent de les confier à des structures comme la nôtre !”
Une plongée dans les années 1940
Le scénario actuel du musée a été écrit par Jacqueline Sainclivier et Christian Bougeard, deux universitaires spécialistes de la période. La visite qu’ils ont imaginée est très pédagogique et didactique. Elle ne se cantonne pas à l’évocation des combats de Saint-Marcel, mais permet d’évoquer la vie quotidienne sous l’Occupation en Bretagne. On peut, par exemple, s’asseoir dans la tourelle d’un bombardier pour assister au bombardement de Lorient ou déambuler dans une rue avec ses magasins rationnés et des affiches d’époque. D’autres espaces présentent la presse de l’époque, des uniformes et des armes des différentes armées ou les activités de la Résistance. La Collaboration et la Déportation sont également évoquées. Deux salles sont enfin consacrées aux parachutistes français des SAS qui, avant la Bretagne, s’étaient illustrés en Afrique du nord.
À l’extérieur, les visiteurs peuvent découvrir des reconstitutions des fortifications du mur de l’Atlantique et des véhicules d’époque. “Nous proposons une visite commentée dans un half-track américain, explique Christophe Thibaut, le responsable des collections. Cette animation, d’une trentaine de minutes, plaît beaucoup. C’est une expérience que de rouler dans ce type de véhicule blindé, qui pèse tout de même neuf tonnes !” Le musée comporte également un fonds documentaire accessible sur rendez-vous et une salle d’exposition temporaire. Celle de cet été concerne l’histoire de deux avions alliés abattus dans la région, dont les historiens sont parvenus à reconstituer l’histoire des équipages et le déroulement de la mission.
Renseignements : musée de la Résistance bretonne, 56140 Saint-Marcel. 02 97 75 16 90.