En 1793, une grande partie des Républicains bretons se soulèvent contre Paris où les Montagnards, menés par Robespierre, triomphent. Cette insurrection aura peu de suite, mais la Bretagne sera une terre d’asile pour certains des principaux leaders girondins.
L’histoire de la Révolution française en Bretagne ne s’est pas résumée à un affrontement entre Chouans et Républicains, mais aussi entre Girondins et Jacobins. Déjà, il y a deux siècles, le clivage entre tenants d’un Etat centralisé et partisans du fédéralisme divisait. Il aboutira à l’insurrection girondine de l’été 1793.
La Révolution a d’abord été plutôt bien acceptée en Bretagne, notamment dans la bourgeoisie urbaine qui y voit un moyen de servir ses intérêts et ses idéaux, notamment en matière économique. La première déclaration des droits de l’homme et du citoyen, en 1789, n’affirme-t-elle pas que les principaux droits sont la liberté, la propriété, la sûreté et la résistance à l’oppression. Mais, très vite, la population des campagnes est mécontente des persécutions contre le clergé catholique, des difficultés économiques, de la hausse des impôts.
1793 : Girondins contre Jacobins
En février 1793, la décision de la « levée en masse » de 300 000 hommes provoque dans tout l’ouest de la France un fort sentiment de révolte. Notamment en Bretagne, dont les habitants étaient – en vertu de l’Edit de 1532 -, exempté de service militaire. Une insurrection éclate en Vendée et se structure. A plusieurs reprises, Nantes est assiégée par les Vendéens. En Bretagne, d’abord de manière sporadique, se développe la chouannerie.
A Paris, la tension monte. Les Girondins, républicains partisans d’un libéralisme économique affirmé et d’un certain fédéralisme politique, sont de plus en plus inquiets des excès des Sans-culottes et du parti jacobin, chantres d’un centralisme étatique fort. Le 2 juin 1793, des milliers de sans-culottes encerclent les tuileries, où siège la Convention. Sous la contrainte, l’assemblée doit décréter l’arrestation de vingt-neuf députés girondins et de deux ministres.
A la nouvelle du coup de force, quantités de départements se soulèvent. A Lorient, les Girondins exigent la libération de leurs députés. Du 19 au 25 juin, sur proposition du Conseil général du Finistère, les députés des communes des cinq départements bretons se réunissent à Rennes et forment un comité central. La levée d’une armée est décidée. Elle rassemble des volontaires avant tout issus du Finistère, du Morbihan et d’Ille-et-Vilaine. Les Nantais ne peuvent dégarnir leurs forces, fort occupées à contrer les attaques des Vendéens contre leur ville.
L’armée fédéraliste
Les fédéralistes bretons rassemblent plusieurs centaines d’hommes. Ils se rendant à Caen rejoindre d’autres troupes. Mais là, les chefs de l’insurrection tergiversent et perdent du temps, refusant de joindre leurs forces aux Royalistes. Finalement, ils sont battus à Pacy-sur-Eure par une armée envoyée par la Convention. Une jeune égérie girondine, Charlotte Corday, parvient cependant à assassiner le chef montagnard, Marat, dans sa baignoire. Mais, à Paris, les Jacobins ont déjà prit le pouvoir au sein du comité de Salut public. Ils y obtiennent sept sièges sur neuf, le 10 juillet 1793. La Terreur commence. Les Vingt et un députés girondins furent jugés en sept jours, et condamnés à mort, dans la nuit du 30 au 31 octobre 1793.
Un des commandants de l’armée girondine, battue à Pacy-sur-Eure, le comte de Puisaye ne reste pas inactif. On le retrouve en Bretagne, en mars 1794, où il cherche à unifier les différents groupes de Chouans sur un coup de bluff : aux insurgés, il se présente comme l’envoyé des princes français en exil, et dans le même temps, il affirme à ces derniers qu’il est le représentant des Chouans. S’il obtient des résultats, Puisaye verra son action réduite à néant après l’échec du débarquement de Quiberon.
Les Girondins de Pouldavid
Lors de la rafle des leaders girondins, en juin 1793, plusieurs d’entre eux avaient cependant réussi à échapper aux Sans-culottes : Pétion de Villeneuve, ancien maire de Paris en 1791, Barbaroux, député de Marseille, Louvet de Couvrai. Avec mille précautions et de nombreuses péripéties, ils arrivent en Cornouailles. Barbaroux et sa mère, Louvet et son épouse et un certain Rojoux sont alors caché dans le manoir de Kervern, en Pouldavid, aujourd’hui sur la commune de Douarnenez.
Ils sont hébergés par le régisseur du domaine, Chapuis de Boulair. Celui-ci aménage des pièces secrètes. Pour donner le change et faire comme si de rien n’était, il invite régulièrement la bonne société douarneniste et les gendarmes au manoir. Ceux-ci sont loin de se douter que, derrière les planches, des députés girondins en fuite les espionnent. Les fugitifs n’ont cependant pas perdu espoir d’une nouvelle insurrection qu’ils entendent lancé à Bordeaux. Le 21 septembre, ils embarquent à Lanvéoc sur le brick l’Industrie. Au bout du voyage ne les attend que l’échec. Capturé, Barbaroux est guillotiné, Pétion préfère se suicider. Louvet, s’il parvient à s’enfuir, mourra en 1797. Seul le dénommé Rojoux, qui avait préféré rester caché à Kervern, survivra à la Terreur.