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Histoires de Bretagne

Un blog d'Erwan Chartier-Le Floch

Langues du XIIe siècle

Publié le 14 Mai 2009 in Questions-réponses

Bonjour Monsieur,

je viens de découvrir votre blog sur l'histoire des Bretons et leur conquête de l'Angleterre : c'est fort intéressant.

Je me posais la question de savoir quelles langues on parlait à cette époque( au XIIème) en Basse-Bretagne(dans Le Léon, en Cornouaille), en Angleterre à la cour des Plantagenêt, et  à la cour des Ducs de Bretagne (par exemple chez Geoffroi (fils de Henri II Plantagenêt), époux de Constance de Bretagne) ? Comment ces peuples communiquaient-ils entre eux : s'ils se faisaient la guerre, il fallait bien qu'ils se parlent, qu'ils se comprennent, à défaut de s'entendre ?

Parlaient-ils breton, anglo-normand, ou autre chose qui resemblerait à l'ancien français ?

Merci de me répondre car je reste sur ma faim....
R. Potier

 

 

 

Bonjour,

Merci pour votre question à laquelle je vais tenter de répondre le mieux possible

 

En Angleterre, la langue utilisée avant la conquête est l'anglo-saxon, une langue d’origine germanique, avec des variantes très importantes suivant les régions. En Cornouailles, au pays de Galles et dans certaines parties de la Cumbria (nord de l'actuelle Angleterre), on parle des langues celtiques, issues du brittonique dont vient également la langue bretonne continentale.

Dans de nombreux endroits du nord-est de l'Angleterre, on devait aussi parler scandinave, suite à l'installation de Danois dans la région du Yorkshire.

Après la conquête, puis avec les Plantagenêt, la langue de cour devient le français, ou plutôt le « roman », issu du normand ou des variantes des langues d'oïl parlées dans l'ouest et le nord de la France. Le français est loin d'avoir été unifié à cette période et il en existe de nombreuses variantes. C'est aussi l'époque où l'on commence à écrire des ouvrages en langue d'oïl, les "romans" (car écrits en langue romane), dont nombre évoquent les légendes arthuriennes.

 

Dans le duché de Bretagne de cette époque coexistent deux langues : à l'ouest, en Cornouaille, Léon, Trégor, Vannetais, presqu'île guérandaise, une partie du pays de Saint-Brieuc, on parle breton, une langue celtique. À l'est, dans le reste de la péninsule, c'est une langue d'oïl, le gallo, qui est utilisé. Le dernier duc de Bretagne à maîtriser le breton a été un contemporain de Guillaume le Conquérant : le duc Alain Fergent au XIe siècle et au début du XIIe siècle. Geoffroy Plantagenêt devait plutôt parler roman, même s’il a dû entendre parler breton en devenant duc.

 

Cependant, rappelons qu'à l'époque, la grande langue internationale demeure le latin. C'est la langue de l'église, de la religion et du droit : tous les grands actes administratifs et législatifs sont alors rédigés en latin. Tous les dirigeants et les grands aristocrates le maîtrisent ou en ont des notions.


Il est difficile d'être catégorique sur le fait de savoir quelle était la langue que parlaient tous ces gens lorsqu'ils se rencontraient. Gageons que le monde médiéval, comme le monde antique, est une civilisation multilingue : on y parle plusieurs langues et les individus sont habitués à utiliser ou pratiquer plusieurs langages pour le commerce, la guerre ou de nombreuses autres choses…

 

En espérant avoir répondu à votre question...

 

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C
<br /> Pour votre information<br /> Je me permets de vous signaler la mise en ligne sur notre site d'une exposition virtuelle consacrée à Auguste Pavie.<br /> Nous avons également consacré un dossier à Odette Du Puigaudeau.<br /> Bien cordialement<br /> Martine Cornède<br /> Directrice des Archives nationales d'outre-mer<br /> <br /> <br />
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